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Une seule chose comptait par-dessus tout : vivre.
Sa mémoire est bonne d’oublier tous ces jours pour ne garder que des sensations : la chaleur écrasante, le froid piquant, les cris des passeurs dépassés d’inhumanité, les râles des agonisants, et cette envie de pisser durant les jours interminables du bateau.
Le premier bout d’humanité que lui ont rendu les garde-côtes italiens sont des toilettes. Il y pense chaque fois qu’il s’abaisse sur les plants de tomates de ce champ où il s’échine depuis 5 ans. Il se dit qu’un de ses fruits peut se retrouver sur la table du garba de papa.
Il comprend maintenant le chant de la griotte du village, la voix qui fait voyager.
Le plus loin tu pars, le plus tu te rapproches de ta maison. La terre est ronde comme une tomate.